Kookabarra félicite ses champions ! Interview croisée

Cette semaine, nous avons eu la chance d’interviewer Nicolas Filippi, ancien sportif de haut niveau en vtt, reconverti en coach sportif vttiste et traileur. En parallèle de la Diagonale des Fous, course à laquelle Jérémie Marcuccilli, fondateur de Kookabarra, a participé, Nicolas a souhaité établir le premier record de la traversée en vtt de l’île de la Réunion.
Revenons en mots et en images sur leurs parcours…

Le pourquoi du comment…

Jérémie et Nicolas, c’est une rencontre qui date. Les enfants du premier pratiquaient le BMX, ce dernier l’enseignait, et PAF ! Il est devenu l’entraineur du papa.

Ensemble ils ont commencé l’entrainement en avril 2019. Puis très vite le désir d’un premier défi s’est fait sentir. Cet été donc, ils n’ont pas choisi moins que la TDS, acronyme de « Sur les Traces des Ducs de Savoie, qui n’est autre que l’ultra-tail du Mont-Blanc !

L’un traileur, l’autre vttiste n’aimant pas courir. Différents et pour autant aussi fous l’un que l’autre, ils se sont bien trouvés !

Des hommes de défis

Jérémie avait dans un coin de sa tête (il y a tellement de choses qu’on se demande où il trouve encore la place !) ce défi du grand raid de la Réunion et Nicolas songeait depuis 2/3 ans à traverser la réunion du Sud vers le Nord, uniquement par les sentiers à vtt.

Aucun tracé officiel à ce jour, pas de tentative de traversée en une seule fois… tout juste quelques exploits de locaux en expédition de 3 jours… Mais personne n’a bouclé un tel parcours en one shot !
Il l’a donc dessiné : 130 kms, 6000m de dénivelé. Grâce à sa connaissance du terrain, plusieurs séjours par le passé et avec l’aide d’amis sportifs habitant l’île, ils ont imaginé un parcours à la fois réalisable et challengeant… Ils ont invité une trace…

Mais rien à voir avec le parcours de la Diagonale… trop compliqué en vtt, comportant bien trop d’endroits où ne peut pas passer !

Il s’est fixé 2 objectifs:

• Terminer
  Ce n’était pas vraiment une course… sans dossard, sans temps imparti ou visé… C’était avant tout un défi contre lui-même, l’envie d’aller au bout !
  La liberté du défi est aussi son inconvénient : sans contrainte il faut pouvoir trouver une source de motivation supplémentaire et aller au bout de soi-même.
• En one shot
  L’estimation a été fixée à 16 heures, en incluant de très courtes pauses uniquement pour le ravitaillement, mais aucune pour dormir.

Retour sur le déroulé

Le départ a eu lieu le dimanche 20 octobre 2019 depuis Le Baril à 3 heures du matin heure locale.

La traversée est prévue en semi-autonomie, c’est à dire, qu’un suiveur est toujours présent avec Nicolas pour sécuriser l’épreuve.
C’est donc toute une équipe qui s’engage dans cette ascension : 3 amis réunionnais, des vttistes expérimentés de l’ile, qui vont se relayer !

Première montée… 8kms parcourus, que voilà déjà l’heure d’un premier long portage pour arriver sur le rempart du Piton de la Fournaise…
Portage qui a duré pas moins de 2h30 ! Direction le cirque de Salazie…

Qui aurait dû le conduire ensuite au cirque de Mafate, puis à l’arrivée à Saint-Denis… parcours initialement prévu…
Mais voilà… arrivé à Salazie, coup de chaud ! Impossible d’aller plus loin…

« J’avais prévu de traverser le cirque de Salazie en moins de 3h, et cela m’a finalement pris 1h30 supplémentaire…
La chaleur tropicale a été plus difficile à gérer que ce que je ne le pensais, j’étais complètement déshydraté, je me suis même endormi sur le parcours !

Terminant tout de même ce cirque, un peu contraint aussi par l’environnement, j’ai préféré rejoindre ma base de ravitaillement et stopper.
Il restait encore au moins 7h de vélo à parcourir, et je n’avais plus du tout d’énergie pour avancer… »

« Mon sentiment après cette expérience ?
Je ne suis pas déçu car je suis allé au bout de ce que je pouvais faire !
Je sais déjà que je suis capable de faire 19 heures de vélo… simplement dans ce cas c’était vraiment impossible voire risqué de continuer.

Ça a été une expérience extraordinaire ! Et c’est dans les échecs qu’on apprend le plus… à se relever et revenir plus fort !

Cependant je ne retenterai pas cette expérience. Je pense avoir fait le tour de la question sur ce défi, il faut savoir tourner la page et laisser la place aux plus jeunes ! Cela reste incroyable et ce n’est pas donné à tout le monde, je suis déjà fier de ça! »

Le mot de Jérémie sur son expérience de la Diagonale des Fous :

« Pour faire simple, il faut savoir que c’est une course en 3 phases…
En ce qui me concerne j’ai réussi la 1ère, soit environ 80kms pour 9h de course !

Le départ s’effectuant à 22h, je suis donc arrivé vers 7h du matin à Cilaos. Et j’ai décidé de ne pas entrer dans la 2ème phase qui doit s’effectuer en toute autonomie.
J’étais mal ! C’est la première fois que je ne termine pas une course. J’étais physiquement au top, mais j’ai subi une hypothermie puis une hyperthermie, un peu comme une hydrocution. Et passer du chaud au froid m’a fait énormément douter, je me suis évanoui 2 fois, c’est le mental qui a péché, alors que le corps suivait ! Et une deuxième nuit dehors n’était pas envisageable sans mettre mon intégrité physique en péril.

2 paramètres ont fortement joué:

• le climat: la chaleur tropicale ajoutée à l’amplitude thermique ! (Il faisait très froid la nuit !)
• la technicité : où que l’entrainement ait lieu, ce n’est pas pareil si ce n’est pas à la Réunion. Ici ça monte, ça descend, et il n’y a pas d’échappatoire !

Je ne retiens que le positif
Je suis fier que ma marque, Kookabarra, se soit alliée à ce super défi aussi sportif qu’humain !
Un beau partenariat est né : Droz photo par Damien Rosso, Nico Filippi, et le groupe Rossignol… nous sommes devenus de vrais amis ! Nous avons dépassé le cadre du défi sportif !
Un vrai moment de partage, d’échange, de belles valeurs témoignées dans les bons comme dans les mauvais moments !

Merci à vous tous pour votre soutien ! »